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Les Vers Luisants
5 février 2017

Je marche à côté du mensonge

Il y a foule dans le village spectral où je ne veux pas mourir

il y a foule dans ce monde où les voix s’entrechoquent chuchotant

des voix dangereuses qui m’alertent me préviennent de dangers imminents

des voix douceâtres qui travaillent tant pour mon bien-être

alors qu’un vent nauséabond de mauvais rêve se lève à chacun de leurs mots

il y a foule dans cet espace qui tend à s’amoindrir pour mieux m’inquiéter

mais la foule baveuse bavarde glisse sur mon dos tandis que je marche ailleurs

la foule n’a raison que de ceux qui lui prêtent une oreille attentive

ce ne sont que des êtres aux contours définitivement indécis

des êtres comme sur le point de disparaître à tout jamais

parce qu’ils n’ont d’existence que celle qu’on a la mansuétude de leur prêter

regardons-les s’agiter ces automates aux lèvres tombant avec régularité

mécaniquement comme découragés eux-mêmes par leur présence visqueuse

tout se passe comme si mon regard durci les honnissait à tout jamais

faisait rougir chacune de leurs paroles clinquantes et bienveillantes

mais je demeure devant la vitrine à me rire de cette faune présomptueuse

devant cette fenêtre que j’ai édifiée pour me séparer du mensonge

devant cette fenêtre qui donne sur ces simulacres qui se reproduisent

des simulacres qu’un air vivifiant pourrait faire tomber en poussière

des simulacres si fragiles si proches du néant qu’on voudrait les haïr

je me recule je tourne la tête le travail d’un autre rêve m’attend

j’ai assez contemplé cette foule qui se méprend sur la réalité

mon regard a assez donné de consistance nauséeuse au mensonge

j’ai trop longtemps oublié que le temps m’appartient désormais

l’œuvre est à venir et cette idée m’est fidèle comme un amour authentique.

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