Je m’assois au bord des larmes
Une grande sérénité m’emplit soudain au bord de la route
jamais je n’avais soupçonné l’existence de cette paix intime
je la pensais théorique je la croyais si loin de la vie
si loin de mon existence asphyxiée par cette odeur sulfureuse
l’odeur devenait si intense dans la cellule sphérique où je m’agitais
et dont je griffais les parois avec tant de frénésie
elle aurait pu me détruire si j’avais gardé la tête baissée
mais je commençais à lever les yeux vers mon reflet encore figé
et qui ne demandait qu’à s’animer pour chasser la malédiction
elle marchait avec moi elle ne voulait pas me perdre dans le chemin sinueux
naïve elle s’imaginait que j’allais continuer de me plonger dans ses bras
dans sa fureur comme un enfant triste dans un amour nocif
mais elle est brutalement devenue si caduque si bouffonne
que je peux poser mes doigts sur mes yeux attiédis par le vent
le léger hululement qui parcourt ma silhouette paisible
berce mon demi-sommeil avant-coureur de l’extase
un demi-sommeil comblé de songes inédits et reconstructeurs
de réalités patentes de vérités qui auraient été hier effrayantes
elle sont là au bord de la route et au bord des larmes
elles ont dissous l’obsédante pensée de la damnation
je regarde mon image mon sourire ne s’étire plus en grimace
je vois la fin du jour comme une nouvelle espérance
je ne peux faire erreur devant mon image incontestable
puis le vent redouble d’efforts pour me pousser en avant.