Poème-futur (5)
et ces trottoirs qui continuent de se mouvoir d'onduler
c'est comme si sans cesse j'allais glisser
tomber entamer une chute sans fin dans un gouffre
avec les yeux qui m'accompagneraient dans ma chute
cette chute qui me rappellerait ma vie passée
ces yeux qui ne peuvent renoncer à me regarder
malgré ma hideur cette puante hideur
et cette voix rauque qui sort de ma gorge douloureuse
cette voix qui ne porte pas de mots mots devenus alors inutiles
ceux d'hier ceux d'aujourd'hui mais ceux de demain
ils ne sont pas loin ils seront les miens je les aimerai
ils ne voudront pas dépérir mon visage se métamorphosera
je n'aurai plus à avancer je ne me laisserai porter par les miroirs
ne te regarde plus regarde devant toi tu le sais bien
tu le vois bien l'avenir n'est plus très loin
tu ressembles à l'avenir regarde les miroirs
ils te renvoient une autre image de toi-même
mais c'est toi que tu peux voir à travers eux
n'aie pas peur de te répéter sans cesse ces mots
tu finiras bien par aboutir à la réalité
et c'est comme ivre brusquement que je continue de progresser
tout le décor écroulé devant moi tourne autour de lui-même
ma tête tournant elle aussi tendant à se détacher
à rouler à mes pieds tandis je la regarderais avec mes nouveaux yeux
ces yeux qui ne peuvent plus faire erreur désormais
ces yeux neufs qui ne peuvent qu'admirer un monde inédit
parce que je ne peux être le jouet d'hallucinations
parce que tout aspire à l'existence désormais
comment pourrait-il en être autrement
mes yeux ne peuvent m'induire en erreur
c'est comme s'ils prenaient la couleur du nouveau monde