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Les Vers Luisants
8 juillet 2016

Poème-futur (1)

je rentrai dans ce café

mais tout le monde était mort

et cet agonisant par terre qui fermait sa main sur ma jambe

me demandant du feu

et son sang continuait de couler

et je sortis à reculons comme si je voulais défier le temps

regarde-toi marcher et tu verras qui tu es

tu t'apercevras que tu continues de tituber

ensuite je me mis à errer dans les rues

les cheveux hérissés

l'esprit soudain rabougri

sous un ciel ayant perdu sa phosphorescence

terrifié à l'idée d'être piétiné écrasé par des bêtes fauves

des animaux furieux conscients d'être méprisés

soudain je ne voulus plus mourir comme hier

comme tout à l'heure comme toujours

et je me cachai derrière un monceau d'ordures parmi lesquelles j'aurais pu me trouver

mais je n'y vis que des visages hagards

ils auraient pu être les miens

reste près de toi en toi ne t'évade pas

ne te laisse pas dévorer par les rires

les bouches ne s'ouvrent que parce qu'elles ont faim

le sol tremblait des rats sans tête couraient

ils semblaient couiner comme moi

et une odeur putride commença de se lever

c'était comme si un rêve se détériorait

mais on ne peut penser bien longtemps aux rêves inauthentiques

ce serait trop facile

je finirais dans l'estomac de ces êtres devenus monstrueux

c'est peut-être moi le dernier poète

c'est ce que le sol qui hurle semble dire aussi

à moins que je ne sois un cadavre qui s'imagine vivant

comment savoir brusquement c'est le silence

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