Affaire Rimbaud (3)
FLEURS
des pièces de soleil vertes sur les gazes des piliers de cristal
d’un gradin d’or parmi les yeux de soie et de velours d’un dieu énorme
et les disques de neige entourent comme des chevelures d’or gris
je vois la forme digitale de satin s’ouvrir sur un bouquet d’yeux qui noircissent
et des filigranes d’argent bleu semées de jeunes roses aux terrasses
la mer d’émeraude et le ciel blanc attirent la foule forte
supportant un dôme fin de rubis d’eau
BEING BEAUTEOUS
loin derrière la face cendrée du monde rauque
le spectre amoureux et de haute taille recule oh le sifflement de nos os sont ceux d’un corps de beauté
devant une neige noire qui se dresse un être nouveau éclate en sifflements sourds
des cercles de musique morte font s’élargir les blessures de la vie propre
et je dois monter trembler comme ces couleurs écarlates adorées et superbes dans les chairs
m’abattre à travers la mêlée des arbres de cristal et la vision
les frissons dansent sur le chantier des musiques de notre mère et se dégagent autour du monde
et l’air léger s’élève et gronde avec la saveur forcenée que nous lance la beauté mortelle
les effets se chargent
ANTIQUE
des cuisses luisent et remuent tachées de lies blondes
promène tes yeux dans la nuit double en la mouvant
tes joues battent doucement ta poitrine ressemble à la cithare du fils de Pan
des tintements circulent dans tes bras et des crocs dans ta jambe de gauche
ton cœur se creuse et dort dans ce ventre où luit le sexe brun couronné de baies
gracieux front de fleurettes
ROYAUTÉ
un doux matin chez un peuple fort beau un homme carminé et une femme qui voulait être reine riaient et se pâmaient
après toute une après-midi d’épreuves sur la place publique les amis tremblaient pour la femme et parlaient l’un contre l’autre de révélation terminée du côté des jardins
ils se relevèrent et s’avancèrent
en effet les amis superbes furent rois dans les maisons de palmes et de tentures