Je ne peux plus me perdre
C’est comme si je voyais mon double hideux se fatiguer dans ces ruelles
ce dédale qu’il aurait fabriqué lui-même dans son désarroi stupide
un désarroi qui aurait rabougri jusqu’à ses pensées les plus intimes
c’est comme si je voulais infortuné moi aussi me fourvoyer
dans un enchevêtrement sans fin de désirs morbides
tout est alors prêt pour la mise à mort de toute espérance
tous les fantômes anciens semblent se réunir pour me montrer du doigt
tous ces fantômes repoussants aux yeux qui s’arrondissent
parce que mes balbutiements ne peuvent que révéler ma culpabilité
on se doit alors de secouer l’étreinte de l’angoisse immatérielle
cette angoisse qui vous donne la nausée de vous-même
on se doit de regarder ces portes battant avec fracas
ces portes qui s’ouvrent pour le moment sur une surface vierge
qui n’attend que d’être comblée de mon rêve éveillé
tout est possible tout devient probable pour un inventeur
pour l’homme reconstruit aux desseins désormais illimités
pour l’homme renouvelé aux regards multipliés
pour une conscience qui peut enfin se contempler
se dérouler loin de la présence obsédante de la fatalité
très loin de la caricature répétitive de la vie qu’on vous assène
très loin de notre réplique assassine qui voulait nous abattre
parmi les sensations neuves de volupté recréatrice
parce que la vie idéale reprend enfin ses droits.