Je quitte le décor de théâtre
La vitesse s’intensifie au moment que je hurle de douleur
je ne veux plus que regarder devant moi et créer l’horizon
je ne veux plus regarder m’attarder autour de moi
je ne veux plus être diverti par tous ces visages irréels
toutes ces voix doucereuses qui veulent notre anéantissement
ce monde douloureux et à sa fin et qui la désire tant la fin
chaque pas en avant est un surcroît de santé pour mon esprit
chaque grand pas en avant suscite une nouvelle poétique
l’erreur l’errance n’est plus de mise pour un corps en mouvement
la pensée se modifie tandis que mes pas créent l’espace inédit
la pensée ne se fige plus torpide et lovée sur elle-même
indifférente à elle-même méprisant sa résurrection
méprisant l’impatient et nouveau destin qui l’attend
un destin qu’elle reconnaît maintenant dans sa course effrénée
dans sa santé renouvelée dans sa célérité inespérée
dans ses mots si nouveaux qu’il sont maintenant les siens
loin derrière le faux décor branlant qui menace de s’effondrer
loin de l’artifice de la vie qui ne peut que vous vouloir du mal
loin des larmes qui se solidifient au fil des années vides
très loin de cette angoisse ahurie qui veut vous étrangler
tout près du lieu de toutes les probabilités
comme si l’infini était désormais à portée de main et de rêve
comme si un autre monde au-dessus du cynisme était possible
un monde qui serait à écrire pour témoigner de la dernière chance de la vie