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Les Vers Luisants
2 janvier 2017

Je contemple le matin

En ce matin c’est comme si je voyais tout près la fin de quelque chose ou de la vie

comme si le poids du temps ne pouvait que susciter l’idée du néant

comme si une boule d’angoisse morbide m’arrêtait dans ma progression nerveuse

parce que tout devrait s’arrêter soudain en ce matin douloureux

et c’était froidement que je décidais marmonnant de fermer toute issue

le jour incongru menaçait de m’aspirer dans sa faille sournoise

mais c’était un jour que je ne reconnaissais pas et qui ne pouvait m’appartenir

un jour aux fleurs honteuses qui s’érigeront quand j’instaurerai une autre aurore

parce que j’ai encore la capacité de clore à jamais le drame de la vie

l’esprit regarde ses mains trembler du froid de la mort d’hier

à cette époque où les cendres se mêlaient aux râles du rat pris au piège

mais je ne vais pas pleurer sur ce cadavre immonde

sur ces vers qui désireraient tant augmenter en taille pour m’absorber

je ne vais pas poursuivre l’ancien jour qui me regardait pourrir

je vole les heures à la gloire tant espérée de l’instant

les tortures finissent toujours par sécher sur les joues

les horreurs arrêteront de battre dans ma poitrine souffreteuse

les mots encore enfouis sous la terre acquerront enfin un sens

le sens pénétrera comme une providence dans ma conscience

la conscience verra son avènement avec la nouvelle expérience

la certitude de l’avenir caresse ma nuque encore courbée

le doute hante les démons du réveil après la léthargie

le doute ne peut plus hanter le matin que j’ai inventé

je ne suis plus tout autre désormais dans le reflet que me renvoient mes mains.

 

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