Je prends enfin la route
Je regarde autour de moi et je déchire le décor de mes griffes
je suis devenu l’animal sauvage qui s’engouffre dans la fente qu’il a créée
je suis l’animal qui veut maintenant parcourir les autres espaces
derrière le rideau qui finissait par alourdir les heures pâles
loin de cette cellule où je ne pouvais plus me mouvoir sans souffrance
où je commençais tout de même à cultiver l’idée de ma libération
le corps exulte enfin ce corps aux gestes encore désordonnés
devant une route que j’avais un jour confusément imaginée
devant une route qui me mènera en des lieux que je ne peux concevoir
la pensée est rétrécie mais le nouvel enfant bombe le torse
l’orgueil rougit brûle ses joues et fait abonder ses larmes
le nouvel enfant poussé par le vent sait ce que sont les larmes
ses lèvres bougent comme s’il avait déjà trouvé les mots
ses lèvres communiquent avec l’espace de recréation
et il écarte les bras ouvrant les rideaux de l’aurore trop paresseuse
mais il sait que l’aurore va se mettre en marche sur la route brûlante
l’aurore se lèvera pour annoncer un homme nouveau et loin
car il faut maintenant aller toujours de plus en plus loin
la peur ne peut plus être de mise cet effroi devant la vie
mais la vie est celle qui ne t’épuisera jamais car tu possèdes la santé
la nature inédite se dessine parce que tu l’as créée avec ta joie neuve
le ciel ne t’aveugle plus sur la route sans fin comme le jour
tu as conquis ton intégrité loin du mensonge de ta misère
désormais l’erreur n’est plus de mise sous les astres libérés.