Je reviens à moi
Je me reconnaissais tout de même dans la silhouette que j’apercevais
mais je détournais le regard comme si elle mûrissait des plans de vengeance
je la pensais hostile au point de vouloir me détruire
ma paresse refusait d’envisager la naissance des soleils
ma paresse qui s’appesantissait invectivait tout désir de résurrection
l’horizon me paraissait si lointain et si pâle qu’il faisait souffrir mes yeux
en des nuits où des animaux féroces venaient dévorer l’esprit de mes songes
la pluie torride ne parvenait pas à me tirer de mon sommeil
ma profonde angoisse jetait comme un voile définitif sur la réalité
le cauchemar était la sœur vindicative de l’illusion
la saveur de ma nature se voulait encore et toujours une inconnue
le goût âcre du vent et de mes idéaux ignobles s’accrochait à mes lèvres
des lèvres tremblantes parmi le froid glacial de mon aveuglement
des sirènes s’élevaient que je ne pouvais entendre dans ma confusion
le sommeil de l’esprit s’approfondissait dans les astres attiédis
les reflets de l’eau croupie ne pouvaient que me déformer
le sourire du jour s’étirait en grimace interminable
je ne possédais pas encore la soif insatiable qui possède l’artiste
je ne pouvais rien connaître de mieux que ce sol qui m’enfonçait
les mots manquaient à la progression du projet de la vie
c’est l’histoire ancienne de celui qui pleurait sur son humanité
mais le factice et mauvais rêve s’est résorbé dans mes larmes
des larmes qui m’étaient inconnues encore hier
mais qui inaugurent une nouvelle ère de santé et de créations
la joie de créer contre les produits de l’esprit malade.