Je chasse l’épouvante
L’animal traqué et perdu s’arrête et regarde autour de lui
il pousse des petits couinements de rat ignoble pris au piège
il ne reconnaît plus le paysage cette nature ne lui est plus familière
il a marché sur le soleil qui n’était plus qu’une ordure sur le sol
un soleil si minuscule qu’on ne pouvait que devenir injurieux avec lui
les ennemis invisibles les vampires assoiffés de mon sang nerveux
les ennemis que je crois invincibles fourmillent dans cet espace
mais cet espace n’est pas le mien cet espace veut me faire mal
cet espace a été créé par des assassins qui perdent de leur réalité
comme par des assassins que j’aurais conçus pour cette idée de détresse
cette idée que tout est perdu parce que notre esprit nous échappe
cette pauvre et vorace idée qui coule acide sur mes joues
cette idée aux larmes sans cesse renouvelées et corrosives
cette idée qui érode petit à petit mon corps étique et nain
mais l’animal se remet en mouvement dans l’espace aux hostilités
il gagne du temps à progresser vers sa probable nouvelle ère
il n’entend même plus les pas lourds qui ont peut-être renoncé à leur soif
ils sont loin derrière les monstres fabriqués ont fini par s’essouffler
son espoir court plus vite que leur faim abominable
cette faim qui n’aura pas raison de ma santé novatrice
ma santé créatrice qui me fait avancer vers de nouvelles terres
ces terres que je ne pourrai plus quitter une fois que je m’instaurerai
cette énergie ne pliera plus cette énergie me brûlera de volupté
je devance l’angoisse j’évolue de plus en plus vite
ces chaînes étaient donc immatérielles je le savais bien
mes cris de joie succèdent enfin aux hurlements de souffrance
des mots m’emplissent comme si je devais composer la légende de l’avenir