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Les Vers Luisants
26 janvier 2017

J’ai cessé de manquer à la vie

J’ai senti comme un doigt tremblant et timide

un frisson passer en douceur sur mes paupières closes

en ce matin où je croyais que mes membres se figeaient

j’ai ouvert les yeux sur un ciel phosphorescent et fendu en deux

tout se passait comme si je ne voulais pas revenir à moi

tout se passait comme si je ne pouvais concevoir l’existence

de cette vision qui éveillait tous mes sens et mon idéal

mais je gardais les yeux ouverts sur la vision qui me contemplait

je savais que je ne connaîtrais plus le sommeil de la pensée

je me doutais que la souffrance qui me courbait se diluerait

dans la bonté inespérée que le ciel brisé suscitait en moi

je ne pouvais demeurer toujours fermé à l’avènement de moi-même

je ne pouvais oublier à jamais les mots qui n’attendaient que moi

je peux alors nommer tous les lieux que je vais occuper

ces lieux renouvelés qui seront à jamais les miens

et non ces lieux lointains et délétères où on me faisait pourrir

ces lieux où je me sentais de jour en jour plus coupable

ces lieux humides et anciens qui marchaient sur moi

cette idée écrasante que le jour s’est perdu à jamais

ce désespoir inepte qui me poussait à ne plus me reconnaître

la grandiloquence de cette vie qui se prenait pour la mienne

l’errance qui conduisait fatalement à reculer dans le temps

le désir d’en finir une fois pour toutes avec le principe vital

l’amour déviant pour la douleur des rêves faisandés.

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