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Les Vers Luisants
22 janvier 2017

J'ai dormi au bord du gouffre

La nuit était si aveuglante qu’on aurait pu la croire permanente

recroquevillé plié comme par une douleur insurmontable

j’entendais j’écoutais le si vaste trou s’approfondir

ce trou que j’avais contribué à creuser avec tant de passion

j’aimais la mauvaise odeur de cette terre aux cadavres de larves

je me délectais du sang noir de cette maladie incurable

que j’avais voulu développer en mon corps voluptueux

nourri de désirs pervers conduisant fatalement au néant

je me roulais dans ce rêve massif agité et crasseux

je prenais plaisir à me brûler au contact de ma brutalité

je griffais l’horizon novateur qui apparaissait pour moi

je ne me détournais pas du miroir d’où surgissait ma laideur

je suis encore là toujours vivant parmi mes décombres

je ne peux donc pas continuer de meurtrir cette conscience

qui veut rester debout malgré l’horreur intime

contre cette stupide idée de destinée malheureuse

ce malheur qui n’est qu’une vue de l’esprit souffreteux

et je sais que ma grimace devant le gouffre mangeur de chair humaine

est la blessure d’un spectre ayant brusquement vieilli

et qu’il ne pourra plus jamais prendre ma place

je sais aussi que je n’ai fait que fabriquer ces rues tortueuses

dans lesquelles je goûtais au plaisir de gémir comme un animal

comme une bête hideuse et dépourvue de regard

sa tête honnie allait interminablement paresseusement rouler sur le sol

dans cet espace qui devenait absurdement circulaire.

 

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