J'ai injurié mon ombre ce matin
Je me suis retournée vers la bête infâme qui rampait à mes côtés
cette bête fidèle comme la forte nausée qui se roule dans ma gorge
cette sorte de serpent prêt à me mordre pour m’apprendre à vivre
cette ombre malfaisante qui voulait me faire trébucher
cette ombre rejointe par d’autres ombres grimaçantes
des extensions de moi-même aux airs bien narquois
mais même chancelant même lent je poursuis ma progression
même ébloui même égaré par le soleil les astres contraires
mon corps commence à se déposséder de la pesanteur
et c’est aérien qu’il poursuit sa route comme son œuvre
et c’est lavé de toute la souillure de la vie perverse
qu’il continue d’injurier ses doubles qui persistent dans le cruauté
et c’est purifié qu’il rend grâce à l’idée du départ inédit
c’est tout de suite que les maléfices fondent dans l’aurore
c’est maintenant que toutes les œuvres deviennent probables
parce que je l’ai voulu ainsi dans mon cauchemar
un cauchemar qui faisait son possible pour m’effrayer
un cauchemar risible qui a fini par glisser sur moi
comme cette pluie acide qui malgré ses efforts ne me dissoudra pas
comme ce froid venu d’un ciel laid et épileptique
un ciel de honte si bas qu’il aurait pu me faire souffrir
et me faire concevoir la possibilité de la mort irrémédiable
c’est tout de suite que doit s’édifier la gloire du présent
au-delà de la pensée mortifère de sa propre décadence
je sais désormais que j’ai toutes les raisons de vivre
et que je ne peux plus me tromper sur mon bonheur.