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Les Vers Luisants
7 octobre 2016

La fureur des dieux

et c’est dans ce rêve que je contemple ces monceaux de cadavres

ils semblent bien vouloir se mouvoir

ces cadavres surpris par le néant et qui tentent d’articuler quelque chose

comme si tout n’était plus que délire

certains voudraient tant revenir à la vie pour nous parler

mais je poursuis mon chemin comme si j’étais talonné par des miroirs

et je sais bien que les cadavres s’accumulent

les cadavres ne peuvent que pulluler tous ces coupables

à la grande joie des crapules de la divinité

mais dans le rêve les miroirs tendent à s’agrandir

parce que l’espace veut rompre avec ce qui le réduit

parce que l’espace désire être occupé de nouveau

l’espace a envie de crier qu’il est minuscule

cet espace bondé de dépouilles mortelles et sanguinolentes

des cadavres qui sentent la haine qu’on leur vouait

des cadavres qui puent le meurtre divin

un charnier des charniers des centaines de charniers qui ne peuvent neutraliser l’espérance des miroirs

car le ciel est un miroir qui me reflète qui nous reflète

parce que les dieux essoufflés sont à jeter à la corbeille comme un vieux papier froissé

c’est bien cela qu’on me souffle à l’oreille nous n’avons plus besoin d’eux

et je répète ces mots et je n’ai pas peur de me répéter

nous n’avons plus besoin d’eux même les miroirs parlent avec moi

on ne cesse de me chuchoter ma tête se balance comme si une petite musique hypnotique se levait enfin

et je continue de marcher il ne faut jamais cesser de progresser

et il faut regarder devant soi et il ne faut lever les yeux que si des miroirs flottent au-dessus de nos têtes

un firmament qui nous reflète enfin

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