Poème-futur (9)
mais la mort du passé frappait mes tempes pendant mon sommeil
ce sommeil agité par la terreur distillé par des astres verdâtres
des astres devenus minuscules à force de révolutions absurdes
à force de vertiges n'aboutissant à rien d'autre qu'aux larmes
ces larmes acides qui me creusaient les joues
arrête-toi un peu et regarde devant toi c'est ailleurs que tu es
garde bien les yeux fermés il n'y a plus rien d'autre à voir
c'est en toi que résident les images de la nouveauté
c'est en toi que se lèvent les nouveaux sons charriés par les mots
ces mots d'amour je veux dire des mots qui me suivent
partout ces mots qui se mettent à chuchoter
ces mots qui parlent de plus en plus fort couvrant les voix
ces voix martiales qui nous ordonnent de baisser la tête
comme si nous ne pouvions plus faire que d'accepter
mais je ne peux plus accepter mon sort ce sont les mots
ce sont eux qui tournent dans ce décor d'apocalypse
mais la fin du monde a vécu la fin du monde c'est du passé
la fin du monde n'existe plus depuis que j'avance
la fin du monde n'était donc qu'une vue de l'esprit
la fin du monde me faisait penser à ma fin
mais ces mots ont pâli avec mon réveil tumultueux
mon réveil qui n'aboutira plus à la mort
ce réveil qui devait faire trembler tout mon corps
ce réveil qui devait bien me secouer un jour
oui réveille-toi tu ne marches pas pour rien
tu ne te fatigues pas la santé t'habite à jamais
pourquoi se poser des tas de questions
tu finirais par concevoir la date de ta mort tu le sais bien
continue d'évoluer les miroirs ne te quitteront plus
regarde comme les lumières se lèvent à l'horizon et à tes pieds
tu ne peux plus baisser la tête sur la fange de ce sol ridé