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Les Vers Luisants
15 juillet 2016

Petites comédies sentimentales (4)

Quand elle me dit qu'elle s'appelait Dorothée, je ne me retins pas de lui répondre que je me fichais pas mal de son prénom. En effet, pourquoi aurais-je été charmé de rencontrer cette femme, cette voisine qui avait pénétré chez moi, presque par effraction, j'ose le dire, en me faisant croire qu'elle avait sonné à ma porte pour savoir si j'avais moi aussi des problèmes de connexion sur Internet et qui, surtout, ce que je n'avais pas remarqué tout de suite, avait apporté un couteau de cuisine avec elle dans le but de m'assassiner? Dans le vestibule où nous nous faisons face, elle tenta, de sa voix la plus douce, de me convaincre qu'elle n'éprouvait aucun ressentiment contre moi; elle fit même mon éloge, me trouva beaucoup de charme, ajoutant qu'elle aurait pu vivre une très belle histoire d'amour avec moi, si l'on ne lui avait pas donné pour mission d'éliminer le plus d'individus louches possible. Haussant les épaules, elle m'avoua que son métier de tueuse commençait à la lasser et qu'elle songeait sérieusement à changer de métier, sa liste de victimes étant déjà assez longue comme ça. 

Puis, après ce préambule qui se voulait plutôt rassurant, mais qui, en réalité, ne l'était pas, Dorothée en vint aux reproches. Grimaçant légèrement, elle me dit que j'allais parfois un peu trop loin et, que dans le quartier, on murmurait beaucoup à mon sujet; on trouvait tout de même bizarre que, lorsque je n'étais pas tout seul, ce qui, en soi, était un peu inquiétant, j'étais accompagné d'êtres un peu excentriques, dont certains, représentant certainement un réel danger pour la société, avaient vraiment l'air de repris de justice et de s'adonner aux substances illégales; par ailleurs, on me trouvait l'air soucieux et nerveux de quelqu'un qui était toujours sur le point d'accomplir un crime. Remarquant ma surprise, elle m'affirma qu'elle n'oserait jamais porter un jugement négatif sur ma personne et qu'elle se contentait de me rendre compte de ce qui se disait sur moi. 

Puis, soudain, elle se mit à pleurer, me disant qu'elle en avait vraiment assez de sa vie ; et elle finit par m'avouer, en me tendant son couteau, qu'elle était entrée chez moi pour que je la supprime. Comme je reculai et que je lui rétorquai que j'étais incapable d'accomplir un tel acte, elle parut suffoquée, tant il est vrai qu'elle ne s'était jamais imaginée que je n'avais pas d'instincts meurtriers. Elle continua de pleurer pendant quelques minutes, jusqu'à ce que je l'invite à s'asseoir dans le salon. Peu après, comme elle se reprochait d'avoir eu des préjugés sur moi et me répétait qu'elle voulait changer de métier, je lui promis que je l'aiderais à rédiger sa lettre de démission. Peut-être était-ce le début d'une histoire d'amour.

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