Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Vers Luisants
11 juillet 2016

Petites comédies sentimentales (1)

Je crois que j'avais fait de mauvais rêves, mais mes souvenirs étaient trop parcellaires pour que je puisse les mettre par écrit; je me gardai donc de tirer des conclusions trop hâtives et, pour tout dire, déprimantes sur l'avenir de ma personne.

J'étais assis sur un canapé où, regardant mes pieds, je m'enfonçais, comme dans la détresse. Puis, à un moment donné, mes pieds, comme si un Dieu vengeur avait voulu me punir de mes turpitudes (nombreuses, j'en conviens), se mirent à se mouvoir de leur propre chef, sans que je le leur commande. Je vous laisse imaginer ma colère devant un tel acte d'insubordination. Je ne daignai leur parler que pour leur rappeler que les pieds, comme tout autre organe, devaient m'obéir, qu'ils ne devaient donc pas bousculer l'ordre des choses; j'ajoutai que, pour cette fois, je serais indulgent avec eux mais que je deviendrais impitoyable si cette folle idée de vivre par eux-mêmes les reprenait. 

Mon petit discours, pourtant dit sèchement, me prouva que je n'avais aucune autorité sur mes pieds, qui continuèrent à bouger d'eux-mêmes ; du reste, à l'aube, alors que le sommeil me gagnait de nouveau, les pieds fusionnèrent et formèrent un visage imprécis, orné d'un vague sourire, qui ressembla pendant quelques secondes à celui d'un ancien amour qui se riait de moi. Je devais bien le mériter, au fond.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les Vers Luisants
Publicité
Archives
Publicité